AMY

Fiction de 28 minutes pour l’émission Affaires sensibles sur France Inter

EXTRAIT  
Appartement d’Amy. Amy, seule.

AMY (off) :
Il fait noir. Ma tête, comme une enclume, pèse sur mon corps fatigué. Je vacille. J’ai beau ouvrir les yeux pour chercher la lumière, les formes se brouillent, les lignes s’effacent, je ne vois qu’obscurité. Je vais me reposer quelques instants. Arrête de vouloir rester éveillée, Amy. Arrête de vouloir tout contrôler. Ferme les yeux. Laisse-toi aller . Il faut que je ferme les yeux. J’y verrai peut-être mieux.

Mon lit est un matelas gonflable qui flotte au milieu d’une grande étendue d’eau. Au milieu des vagues qui m’entourent, de nombreuses bouteilles flottent, comme de jolis coquillages qui seraient restés à la surface. Il me semble que j’entends la mer. Des feuilles griffonnées et roulées en boule ont été abandonnées sur le rivage, comme des algues échouées. Les mots s’effacent sous la force des vagues, qui rompent tout, qui emportent tout avec elles. Je regarde alors le plafond, qui n’est plus plafond, qui se fait ciel, m’offrant à voir des milliers d’étoiles scintillantes. La lune me sourit. Je les regarde et m’apprête à les rejoindre. Arrête de vouloir rester éveillée, Amy. Arrête de vouloir tout contrôler. Ferme les yeux. Laisse-toi aller . Mon lit se fait tapis volant, et bientôt ma voix s’élève au-dessus de moi. Elle chante malgré moi. Je suis une sirène.

Sur la reprise de Frank Sinatra, Fly me to the moon.

AMY, Emmène-moi sur la lune Et laisse-moi jouer parmi les étoiles Fais-moi goûter le printemps Sur Jupiter et Mars Autrement dit prends ma main Autrement dit embrasse-moi mon amour Remplis ma vie d’une chanson Et fais-moi chanter pour toujours Tu es tout ce que j’espère avoir Tout ce que j’adore et vénère Autrement dit sois moi fidèle Autrement dit je t’aime ** « 

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